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Soleil noir - Basse Californie - Mexique
Magazine "24H" - Canal +
La Paz. Basse Californie. Mexique.
Juillet 1995.
7 minutes 14 secondes.
Une des éclipses totale du soleil les plus longues qu'il soit possible d'observer.
Nous sommes dans la petite ville de La Paz, en basse californie. A
l'université, un véritable camp scientifique
international s'est installé, avec tous les passionnés du
phénomène, astronomes amateurs et professionnels. Ce qui
est exceptionnel, au delà de la longueur de l'éclipse,
c'est aussi qu'elle se passe à midi, dans un pays chaud, et pas
très loin de l'Equateur. Les contrastes seront d'autant plus
violents.
Je fais le tour du campement. Il y a ces deux coréens, avec leur
télescope dernier cri, connecté à un petit
ordinateur posé. Juste à côté, il y a ce
groupe d'astronomes tchèques, qui ont installé au sol un
télescope dont ils n'ont que les lentilles ! L'engin fait une
dizaine de mètres de long. Il est constitué des lentilles
posées sur la paille des caisses en bois dans lesquelles elles
ont été transportées. Par un ingénieur
système de triangulation, ils renvoient l'image vers un vieil
appareil photo tenu par le plus vieux de la bande. Le suivi de la
course du soleil se fait par ordres. Les mecs manipulent les lentilles.
"A gauche, à droite !". On fait les derniers réglages.
Il faisait 38 degrés ce matin… La température
chute maintenant à vue d'oeil. Une étrange lumière
d'un autre âge a envahi la terre. Nous sommes au centre d'une
zone d'ombre anormale, avec une aube permanente à 360
degrés.
La télé allemande projette sur un drap l'image qu'ils
diffusent par satellite en Europe. Le compte à rebours a
commencé. Plus loin, un homme a disposé d'immenses toiles
blanches. Monté à l'étage du petit bâtiment,
il va photographier les vents solaires. Juste au moment où
l'éclipse totale se produit, les derniers rayons projettent,
l'espace de quelques milli-secondes, l'image des vents solaires
à la surface de la terre. Une occasion exceptionnelle d'en
capter les traces…
"Regardez, c'est le diamant". Le diamant, c'est quand il reste un seul rayon. Cela ressemble à une immense bague.
"Attention, préparez vous, ça va pas tarder !"
L'excitation est à son comble dans le camp, devenu en même
temps étrangement calme. Les oiseaux se sont couchés
depuis longtemps. Tout le monde attend l'instant fatidique.
Au moment où le dernier rayon du soleil se cache derrière
la lune, il y a ce qu'on appelle "l'explosion" de la couronne solaire.
C'est à dire qu'on aperçoit à ce moment là
toutes les émanations gazeuses du soleil, cachée
d'habitude par la lumière aveuglante. C'est un peu comme si on
regardait le soleil à contre jour. Ce phénomène
magnifique remplit une bonne partie du ciel, juste à la
verticale de nos têtes. D'immenses traînées de
couleur se dispersent au milieu des étoiles, tout à coup
très visibles. Cet instant précis justifie toutes les
légendes et croyances en la toute puissance de l'astre. Une
évidence s'impose là. Dans ces immenses filaments
colorés. Comme une chevelure féerique. Une pure
beauté. Un immense frisson me parcourt l'ensemble du corps.
=:-)