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Inlandsis


Gröenland.
Juillet - Août 1989


En zodiac, nous approchons des immenses icebergs qui dégueulent du fjord d'Ilulissat, "la ville des glaciers". Nous sommes sur la côte Ouest du Groënland.
Nous avons mis une technique au point. Il faut se tenir un pied sur le boudin du zodiac, l'autre (avec le crampon) sur le fond rigide du zodiac, et puis attendre le moment propice. Profitant d'une grosse vague de la houle, je plante d'un coup franc mes deux piolets dans l'iceberg, puis un pied. Le deuxième pied reste en l'air ! Le zodiac recule, emporté par le retrait de la houle. Je suis seul, pendu à mes piolets, au dessus de l'eau noire, qui ne doit pas dépasser deux degrés… En équilibre, j'installe mon deuxième crampon, qui était mousquetonné à mon baudrier. Et je commence l'ascension vers un point de vue magnifique sur l'ensemble de la baie.
L'escalade est assez risquée, car de temps en temps, ces immenses montagnes de glace se retournent en fondant, renversant les bateaux. Plusieurs pêcheurs sont morts, leur embarcation retournée dans l'eau glaciale. Tout à l'heure, il a fallu mettre plein gaz sur le zodiac, pour fuir une énorme vague provoquée par le retournement d'une de ces immenses montagnes de glace. Mais nous avons choisi un iceberg qui a l'air "équilibré" (vu d'en bas !).
Je suis maintenant au sommet de cette immense montagne de glace à la dérive sur l'océan. Je me souviens des premières explorations dans les moulins de la Mer de Glace, accompagnés par Haroun Tazieff, le précurseur. Aujourd'hui, c'est le grand jeu. Première expédition, sur les traces de Paul Emile Victor, en compagnie d'une solide équipe de spéléologues, et de Jean Marc Boivin. Dans quelques jours, nous nous ferons poser en hélicoptère sur l'inlandsis, la calotte glaciaire du Groënland, pour explorer les gouffres de glace, et atteindre pour la première fois au monde la profondeur de 175 mètres, en descendant une série de puits successifs taillés par les eaux de fonte. Il y aura la tempête, ce blizzard du mois de Septembre, qui peut être nous empêchera de rentrer sur la côte ? Sauvés in extremis par une éclaircie, nous finirons dans les bars surchauffés de la petite ville, avec les inuits acculturés, passés en quelques décennies de la civilisation du phoque à la télévision par satellite…

=:-)


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