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Habiter la terre… Chine ! - Dong

Voyage en Chine
Septembre - Octobre 2007


Dong


Vendredi 21 Septembre

Séquence logistique ce matin à l'hôtel. Il faut caler les billets d'avion pour la suite du voyage.
Puis les bagages, tous entassés dans un minibus. Mr Deng, c'est le nouveau chauffeur. Il a la brosse, comme moi. Un collègue ? Pas sûr. Il Il n'a pas l'air bien dégourdi… Le minibus ratatouille en s'engageant sur la voie rapide, dans un gymkana entre camions, tricycles, et autres véhicules aux trajectoires incontrôlées.

Travelling routier vers le nord. C'est la Chine des campagnes, plus sèche que chez les Hakkas. Potiers, briquetterie. Rizières, canne à sucre, culture de légumes, tournesol. Alternance de zones agricoles cultivées en fond de vallée, et pic calcaires envahis par les forêts. Genre Guilin, pour ceux qui connaissent, en plus petit. Buffles, rizières, route bordée de lauriers. Plus loin, bourgades industrielles.
En roulant, un vrai exposé historique de l'architecture socialiste. Habitat campagnard en brique sur deux niveaux. Toits en tuile, petit balcon en bois. Puis à partir des années 90, le béton, les poteaux en béton armé, et les carreaux en céramique qui recouvrent les facades, et ces fameuses vitres bleus, summum du modernisme, qu'on retrouve dans tout le pays. La chine c'est le pays du mouvement permanent. Une autre culture. Un côté pragmatique et désarmant.

Je me souviens de mon premier voyage en Chine, en 1985. Nous traversions ce pays de Hong Kong à Pékin. J'avais été obligé de passer un permis de conduire chinois… Quatre officiels entassés, qui jugeaient ma capacité à négocier le passage des vitesses, sur la 2 cv camionnette de l'époque, que Citröen avait décidé d'essayer de refourguer aux chinois, au lieu de leur laisser les Visa avec lesquelles nous faisions le tour du monde. Vexés, les chinois avaient bloqué l'expansion de la firme dans le pays, qui était pourtant la première à essayer de s'incruster dans le paysage économique de Deng Xia Ping. Croisière jaune oblige. Une grosse défaite commerciale pour Citroën…
Les voitures étaient rares à l'époque, dans ce pays. C'était le temps des trains à vapeur, des bébés filles abandonnées dans les champs (politique de l'enfant unique), des nuées de vélos fabriqués en inde - le "flying pigeon" taille unique - et les gens qui tombaient en cascade au carrefour, comme des dominons, trop petits pour atteindre le sol une fois le vélo arrété. Nous traversions ce pays comme des extraterrestres, collant des oreillettes des walkman aux paysans hallucinés de l'époque.

Back to present time !
Dans cette bourgade, le concessionnaire Yamaha fait face au concessionnaire Honda. Des centaines de scooters rouges alignés sur le trottoir. Un buffle qui traîne une carriole en bois. Ce triporteur pétaradant charriant un stock de matelas empilés sur une hauteur de cinq mètres. Cette mamie qui veut traverser au milieu du trafic avec quatre sacs tati sur son vélo. Douze personnes à l'arrière d'une sorte de rickchaw prototype. Cette moitié de camion qui transporte des pierres, avec des hommes par dessus.
Ici on vend aussi du bois. Des racines géantes sont transformées en meubles à même la rue. On vend de la pierre. Des pans entiers de ces pics calcaires - comme on voit sur les cartes postales de Guilin - découpés à coup d'explosifs pour les transformer en carrières géantes.

Mr Deng conduit maintenant à tombeau ouvert, en ouvrant la route au klaxon. Le minibus n'a pas de ralenti, la porte côté conducteur ferme mal, Mr deng la referme régulièrement en roulant, et j'ai l'impression qu'il manque une vitesse, il faut parfois lancer le véhicule à pleine puissante en seconde pour passer la quatrième.
Je me régale de ces longs trajets où l'esprit vagabonde. "Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut être notre moteur le plus sûr". Une phrase de Nicolas Bouvier, bien sûr. Dernière page de "L'usage du monde".

Arrêt rapide dans un restaurant routier. Une équipe de militaires en civil. Beaucoup se tiennent par les épaules, par la main. On ricane derrière moi en montrant la boucle d'oreille. Ils sont un peu au rupteur en voyant Zhe, qui déboule l'air faussement innocent en jupe légère. Normal, c'est leur première permission, pour les fêtes de la lune - qui doivent avoir lieu dans quelques jours - depuis un an en service…

Nous avons repris la route. La vallée s'est resserrée petit à petit. Nous entrons en pays Dong. Arrivée à Chengyang, un village réputé de l'ethnie Dong. Dans un méandre de la rivière, un paté de maisons, sur une butte, entouré de rizières. Depuis quelques kilomètres, j'avais repéré ces maisons à deux étages, entièrement construites en bois. Trois étages. En bas les bêtes, au premier les hommes, et en haut le grenier à grain et les réserves de nourriture. Ici, huit villages sont ainsi répartis le long de la petite rivière qui se transforme parfois en torrent, lors des grosses pluies. Chenyang est célèbre pour son pont "du vent et de la pluie", lieu où se faisait le troc dans les temps pas si anciens. Et aussi sa "Tour du tambour", centre social et cérémoniel du village.
Nous montons sur la colline, pour profiter des derniers rayons du soleil qui descend doucement, pour finir par ne plus raser que les sommets des toits en tuile.

La nuit est tombée. Nous n'avons rien vu venir. Quelques coups de portables, quelques textos, des cris dans les escaliers. Nous fonçons au minibus. Quelques kilomètres dans la nuit jusqu'au village de Ping Yang. Nous sommes invités au repas des cents familles !
Ca commence par un immense escalier qui monte entre deux rangées de maison. On entend le brouhaha d'une foule joyeuse. Encore quelques marches. L'excitation monte. Les lumières, les lampions, là bas. Au pied de la tour du tambour, un spectacle incroyable. Toutes les familles du village sont là. Des dizaines de table alignées en cinq rangées. Les femmes et les hommes en tenue traditionnelle. Nous avons la chance d'être invités à un "repas des cents familles". C'est l'ancien du village qui l'a décidé. Il a fixé la date, et aussi a accepté de nous inviter. En fait c'est aussi la fête de l'automne, nous sommes le 21 septembre. Le début de la récolte du riz. Alors ce véritable festin célèbre cet événement.

Le chef du village nous reçoit avec un verre d'alcool de riz, le premier d'une longue série. De tous côtés, on trinque, on mange. Les agapes vont bon train. Premières rasades. On trinque au bonheur et à la bonne santé. Il y a du riz gluant, qui constitue la base du repas, et juste à côté et des dizaines et des dizaines de plats absolument délicieux. Impossible de tout goûter. Pourtant il le faudrait. La politesse est de se déplacer de table en table, son bol à la main, et de goûter tous les plats. Mais le plus important, c'est de boire… Sur scène, une femme en tenue traditionnelle crie exhorte les familles à venir chanter à tour de rôle, à se rendre ainsi la politesse, à jouir du plaisir du partage.

La légende raconte qu'un diable plongea un village dans le malheur en provoquant une grande inondation. Les maisons se sont effondrées et la vie des villageois a été mise en péril. C'est alors qu'un héros est arrivé du ciel. Il brisa le dos du diable de ses bras très puissants et sauva le village. Pour le remercier, toutes les familles de villageois voulaient l'inviter à manger chez elles. Mais le héros devant s'en aller le lendemain, il était impossible qu'il aille manger chez tout le monde en si peu de temps.
C'est une belle jeune fille qui a alors lancé l'idée suivante: chaque famille prépare un ou deux de ses meilleurs plats et tout le village se réunit pour inviter le héros. C'est ainsi qu'est né « le repas des cent familles ». Dès lors, quand les Dong reçoivent des invités ou célèbrent des événements heureux, un festin comme celui-là qui est organisé.

L'homme qui me raconte cela remet rasade sur rasade… Tout bascule progressivement…
Tout à coup, sans que je les voit vraiment venir, un groupe des plus belles femmes de l'assemblée viennent m'entourer, sous les rires des voisins. Debout au milieu d'elles, acclamé par la foule, on me presse de boire ces petits verres d'alcool de riz qui défilent vitesse grand V ! Heureusement, l'alcool a l'air d'être coupé avec de l'eau. Il faut tirer l'oreille de celui qui doit boire ces petits verres cul sec, à la suite les uns des autres, en ponctuant chaque rincée d'un cri de victoire (en Dong traditionnel si possible). Pendant ce temps les femmes chantent en choeur.

J'ai vécu pas mal de scènes de ce genre aux quatre coins de cette planète, mais là, franchement, çà dépote. Cela devient franchement indescriptible. De tous côtés les gens mangent, boivent, chantent à tour de rôle sur scène. Un vieil homme tient à trinquer avec moi, il me tire par la manche.
"- Le plus important, c'est de partager dans la vie. C'est ce qui rend heureux, et qui permet de rester en bonne santé.
- Vous avez l'air heureux, et en bonne santé !"
Emotion.
Et hop, une autre rasade.

Il faut que les "étrangers" (c'est nous) montent sur scène… Devant 400 personnes, j'annonce une chanson romantique italienne. Santa Lucia. Vingt Dieux… Le silence se fait.
Même pas le trac. Faut dire qu'après toutes ces tournées, çà aide un peu quand même. J'attaque en regardant le chef du village, puis le groupe de femmes, là, devant, puis la lune, qui brille au dessus des lampions. Il est pas romantique le roro ?
"Sul mare l'ulcica, placide l'onda…" (pardon papa…!)
Pendant ce temps là, Arnaud et Zhe dansent sur scène au ralenti (c'est une chanson romantique, voyez vous).
"Santaaaaaaaaaaaa  - (j'ai parfaitement dosé ma respiration, çà dure un maximum )…Luciaaaaa !". Fin de la chanson. Les femmes montent en courant et hurlant sur scène, on m'apporte des fleurs, et un saladier d'alcool de riz pour me remercier ! Tonnerre d'applaudissements.

C'est la première fois que des étrangers viennent ainsi sur scène chanter. D'habitude, il n'y a que les officiels chinois qui s'y collent. Pour me remercier de cette performance, la star locale du chant Dong prend le micro. Bien sûr, y'a pas photo quand même. Des trémolos dans la voix, il commence un chant très connu ici. C'est le favori de la vallée pour un grand concours régional de chant qui doit avoir lieu dans quelque temps. C'est la période des répétitions. La foule reprend en choeur.
Puis s'engage une danse collective, où tout le monde défile entre les tables en se tenant par la main et en chantant en choeur.
Puis nous sommes invités à participer à une chorégraphie sur scène.
Puis on recommence à manger.
Encore quelques rasades.
Puis…
Nous rentrons en titubant un peu (nous, pas le minibus - le chauffeur n'a pas bu), déclinant l'invitation…à une deuxième fête, dans un autre village !
C'est gentil.
Bien vrai.
Merci.

Samedi 22 Septembre

Les coqs se sont mis à brailler à 4h30 ce matin… Saloperie de volaille ! Y'a des jours, on souhaiterait la grippe aviaire. Légèrement mal aux cheveux ce matin quand même. Douche glacée, car je ne comprends rien aux interrupteurs chinois du chauffe eau.

Petit déj sur le pouce, et nous filons chez Mr Yang, qui nous attend dans sa maison, à un quart d'heure de marche.
Mr Yang a 83 ans.
Mr Yang fait des ponts. Une sorte d'ingénieur en génie civil. Il a fait des ponts dans toute la Chine. Il nous accueille sur son immense balcon où il passe son temps à assembler des maquettes de… ponts justement. Petites baguettes de sapins taillées au couteau, patiemment. Il en a des dizaines, protégées sous des plastiques. Des milliers d'heures de travail.
Mr Yang raconte l'importance de la construction des ponts en Chine. Au dessus de sa tête, à portée de main, collé contre une poutre, un nid d'hirondelle. Il l'a attrapé, il y a quelques années, et l'a baguée. Elle revient, tous les ans…
Mr Yang vit avec les oiseaux, sur son balcon, au fond d'une vallée perdue de la Chine.
Mr Yang a des immenses lunettes, un front à la peau toute lisse, il marche vaillamment.
Mr Yang ne se sépare jamais de sa petite pipe qu'il a assemblé il y a quarante ans.
Mr Yang a beaucoup voyagé.

Nous traversons avec lui le village, avec ses canards qui pataugent dans les rizières, ces femmes qui bâtent les tissus indigo pour en faire des nappes qu'elle broderont à temps perdu, une fois le temps des récoltes finies.
Nous arrivons au fameux pont du vent et de la pluie. Celui de Chengyang a une histoire particulière. Mr Yang nous raconte ce pont vieux de plusieurs dizaines d'années, composé de 12000 pièces de bois assemblées sans aucune pièce métallique. Il décrit l'inondation de 1983, qui a emporté la moitié du pont. Pendant les semaines qui ont suivi le désastre, tous les villageois ont cherché les débris en aval, et ont remonté les pièces. L'avantage du système constructif chinois est d'être modulable. Le pont a été reconstruit selon le savoir faire Dong d'assemblage des pièces de bois, qui se transmet de génération en génération. Mr Yang a cinq fils, quatre sont charpentiers…

Le pont, c'est un lieu de vie du village. L'endroit du troc, de l'échange. De chaque côté du pont, d'immenses bancs. C'est là où on s'assoit pour s'abriter un instant de la pluie. Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Regards, messages, par amis interposés.
"Bien sûr j'ai connu plein de filles ici" me glisse Mr Yang, l'air malicieux… Mr Yang veut que je vienne filmer ses prochains chantiers. J'aimerais être dans la même énergie à son âge.

Début d'après midi.
Il y a cette piste cahotante, au milieu des fougères. Puis le village de Pingao.
De loin, on voit juste une sorte de carcasse en bois, en structure poteaux - poutres, d'une hauteur de trois étages. En s'approchant, on devine l'ampleur de la scène… Le chantier de construction d'une maison. Un maître de géomancie l'a décidé il y a quelques jours : la maison doit être finie aujourd'hui. Cela veut dire en fait que la dernière poutre du faîtage doit être posée à trois heures…!
Alors tout le village est venu mettre la main à la pâte, comme d'habitude. Il y a le propriétaire, qui sue à grosses gouttes. Il a ces hommes, répartis aux différentes hauteurs du aux jointures des poteaux et des poutres. Il faut tendre progressivement des gros cordages bloqués avec des bambous pour rapprocher les tranches verticales. En bas, on tape avec un tronc la base des poutres porteuses, qui glissent sur d'autres pièces de bois. Petit à petit les éléments verticaux rentrent dans les pièces horizontales maintenues temporairement par d'autres poutres fixées avec des liens en bambou.
Je grimpe dans la carcasse de poteaux et de poutres. On dirait un grand voilier avec tout le monde dans la mâture. Il n'y a pas de chef. Tout le monde braille. Les assemblages grincent en prenant leur place. Les hommes crient, un peu partout. Un chantier incroyable…

A côté de moi, on est en train de démonter une sorte d'échafaudage. Il faut descendre, parce que la suite est en bas maintenant. Seuls quelques hommes sont restés au sommet pour hisser la dernière poutre, quand elle sera prête. La voici qui arrive, peinte en rouge et or, portée par deux hommes, sur le petit sentier, entre deux champs de riz. Sentant l'heure venir, tous les villageois descendent de la colline ! Les femmes apportent des paniers pleins de nourriture de cérémonie. Vieillards, gamins, femmes de tous âges, et quelques hommes qui n'étaient pas encore là se joignent à l'assemblée. On dépose la poutre faîtière au milieu du chantier. Un homme ouvre une grosse caisse, remplie de pétards. Les gamins commencent à se boucher les oreilles. On dispose les chapelets de pétards sur les poutres sommitales. Des paniers entiers sont hissés au sommet de la structure, maintenant. On colle des slogans porte bonheur sur les poutres.
Tout à coup, les premiers pétards claquent ! Des centaines de pétards. Ca pétarade dans tous les sens. Puis maintenant les quelques hommes qui sont restés là haut, au troisième niveau, jettent par poignée du riz gluant compacté sous forme de petites barres ! On dirait des bonbons. Gamins, mamies et ouvriers se ruent dans les copeaux et les pierres. Une véritable pluie de riz gluant, dans la fumée des derniers pétards. L'affaire à duré moins d'une heure. Le propriétaire est dans les temps. La géomancie est respectée. Sa maison est assurée d'avoir la bonne fortune.

Ce n'est pas fini ! Maintenant nous sommes conviés au repas de fin de chantier. Il faut traverser le village, en file indienne. Petite traversée de ruisseau. Quelques canards qui pataugent dans la boue. Quelques courges qui sèchent sur une sorte de treille, au dessus des rizières. Tout l'espace est optimisé.
Nous voici sur le lieu du festin. Incroyable travelling dans deux maisons successives. Celle des femmes, et celle des hommes. Des dizaines de table. Pièces enfumées, femmes toutes en bleu qui dévorent à la baguette les plats. Maintenant les hommes rassemblés autour du repas. Tous les ouvriers sont là, c'est à dire environ la moitié du village. Ca dure un bon moment, on déguste poissons fumés, légumes inconnus, et encore du riz gluant. Le tout arrosé d'alcool de riz. Encore…

Retour à Chengyang.
Fin de journée sous la "Tour du tambour". Il y a un énorme tambour, c'est vrai, pendu dans la charpente. Et aussi un énorme zhusheng, instrument à vent en tubes de bambous assemblés. La tour du tambour, c'est un lieu social, un lieu de rencontre. C'est aussi là où on répète pour les chants, la musique, et les danses. Une poignée d'hommes jouent aux cartes chinoises en fumant. Quelques autres dorment, allongés sur des bancs rustiques en bois.

Il y a cette lumière douce dans les rizières. Je suis descendu au bord de la rivière, voir ces grandes roues à aube en bambou qui font le système d'irrigation. Quelques canards s'enfuient à mon approche. La nuit tombe sur le pont. Demain est un autre jour…
Nous quitterons le pays Dong pour repartir encore plus à l'Ouest. Il nous en faudra encore deux de plus pour atteindre les villages de l'ethnie Mosuo, la seule société matrilinéaire au monde, où les femmes - à la nuit tombante - choisissent les hommes. Tout là bas, au fin fond du Yunan. Au bord du lac Lugu, aux frontières du Tibet.

=:-)



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